Célatilé en Méditerranée

Kafka à Marmaris

13/03/2013 11:01

 

Lundi 11 – Toujours clandestins en Turquie, on comptait pouvoir faire les formalités d’entrée aujourd’hui en passant par l’agent de la marina, or il se trouve que depuis un mois la réglementation a changé et qu’il nous faut donc de toutes façons nous déplacer jusqu’aux douanes, de l’autre côté de la baie.  Trop de vent aujourd’hui pour bouger le bateau, c’est donc remis à demain – rendez-vous sur place à 9h30. En attendant, l’agent a gardé tous nos passeports et les papiers du bateau. Il nous a également dit qu’on ne ferait les contrats à la marina qu’une fois faits les transit logs.

« Yacht Marina » porte bien son nom car il y a ici principalement des bateaux gigantesques appartenant à de richissimes Egyptiens, Saoudiens, Américains, …  Avec notre Célatilé, nous sommes une souris au milieu d’éléphants !

 

Mardi 12 - Comme convenu avec l’agent, nous partons en bateau – et Landéan avec nous – pour rejoindre la zone de douanes de l’autre côté de la baie où il nous attend à 9h30.

A peine sortis de la marina, nous sommes rejoints par un zodiac qui nous demande de faire demi-tour car nous n’avons pas de « papier d’autorisation de sortie » . On ne risque pas d’en avoir puisque nous n’avons toujours pas pu faire les papiers d’entrée dans la marina …  faute d’avoir encore pu faire les papiers d’entrée en Turquie… Tentative de communication avec la marina à la VHF. La réponse est ferme et non discutable : vous devez rentrer.  Comme nos 2 capitaines s’y refusent, la gente féminine de Landéan et Célatilé monte sur le zodiac – telles des otages rapatriées cheveux au vent à la marina - Et là commence le dialogue de sourds : on nous accuse de partir de la marina sans payer. Nous expliquons que si nous partons de la marina l’espace d’une heure, c’est pour aller faire les formalités d’entrée en Turquie à la douane comme nous l’a demandé l’agent … qui par ailleurs a gardé tous nos papiers depuis 3 jours. On nous reproche de n’avoir fait aucune formalité d’entrée dans la marina … là encore, c’est l’agent lui-même qui nous avait dit que cela n’était pas nécessaire tant que le transit log n’était pas fait. Evidemment, celui-ci est absolument injoignable par téléphone…

Bref, c’est le serpent qui se mord la queue, forcément le ton monte et la situation a quelque chose d’assez Kafkaien… Se faire quasiment traiter de voleur, se faire menacer d’être blacklisté des marinas turques car ils n’ont jamais eu de tels problèmes avec leur « guests » (je fais rectifier : pas « guests » mais « customers » !) alors qu’en toute bonne foi on suit les instructions qui nous ont été données laisse un goût assez amer dans la bouche. Ah qu’il est loin notre Güven avec qui nous avions passé une si bonne soirée. Ah qu’elle est loin la confiance réciproque ! En fait, nous essuyons les plâtres du changement de procédure. Autant dire que le rôle de l’agent n’a plus vraiment d’intérêt… Au final, il nous faut laisser une caution pour pouvoir aller faire nos papiers et revenir. Evidemment, nous n’avons pas d’argent sur nous, puisqu’il est sur le bateau. Le zodiac nous ramène donc à toute allure vers nos fiers destriers qui attendaient patiemment au milieu de la baie en faisant des ronds dans l’eau…

Et nous voilà donc enfin partis vers le quai des douanes, où l’agent nous attend la bouche en cœur. Tout ça pour que les douaniers puissent nous appeler tous les 6 à tour de rôle, voir nos frimousses et nous laisser repartir aussi sec. Soit 1h30 de palabres et prise de tête pour très exactement 30 secondes de passage aux douanes. Comble de l’histoire, sur le quai des douanes, il y a quelques douaniers en action … et leur chef en train de pêcher ! En repartant, nos amis de Landéan ont la malchance de se prendre la ligne de pêche dans l’hélice, Brice en sera quitte en prime pour une plongée ! Lorsque nous revoyons l’agent le soir, nous lui expliquons qu’en fait de service de sa part, nous n’avons eu que des problèmes : pour lui, le job est fait et il s’en sort avec des « apologizes » souriantes et hypocrites…

Ce fut donc une nouvelle journée adrénaline… Heureusement qu’une belle balade dans les collines à la végétation luxuriante quasi tropicale et une chaleureuse soirée sont venues effacer tout cela !

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